08/12/2016
Vous maîtriser les techniques de gestion de conflit et pratiquez la communication non violente. Mais connaissez-vous la Spirale Dynamique ? Cette grille d'analyse vous permettra d'analyser votre système de valeurs et celui de ceux qui vous entourent. À vous de l'utiliser comme un outil de management ou de conduite du changement et de trouver les arguments propres à rétablir un dialogue de qualité. Pour voir le blog
Vous arrive-t-il parfois, dans vos échanges, de vous crisper tandis qu'une certitude s'impose : avec ces interlocuteurs, vous ne partagez pas les mêmes valeurs ?
Vous maîtrisez déjà les techniques de gestion de conflit. Vous pratiquez sans doute la communication non violente. Mais connaissez-vous la Spirale Dynamique ? Cette grille d'analyse vous permettra d'identifier votre système de valeurs et celui de ceux qui vous entourent. À vous ensuite de l'utiliser comme outil de management ou de conduite du changement et de trouver les arguments propres à rétablir un dialogue de qualité.
Spirale Dynamique : qu'est-ce que c'est ?
Le modèle de la Spirale Dynamique conçu par Clare Graves dans les années 1960 et popularisé par son collaborateur Don Beck est un modèle de compréhension des systèmes de valeurs et de leur évolution tant sur le plan individuel que sur le plan collectif. Don Beck a notamment souligné les possibilités d'évolution d'un groupe ou d'un individu en fonction de sa position initiale, et attribué la codification couleur que nous utilisons aujourd'hui.
Spirale Dynamique : un modèle qui a fait ses preuves...
... auprès des grands : très investi dans l'accompagnement de la sortie de l'Apartheid, Don Beck a notamment utilisé ce modèle pour aider à la transformation des rapports politiques en Afrique du Sud avant que la situation ne retombe entre les mains de personnalités moins visionnaires. Ce modèle a inspiré Nelson Mandela, c'est en soi une référence solide. Manifestement, il en a d'autres. C'est un outil essentiel en diplomatie, qui apporte des clés d'analyse géopolitique efficaces. Il trouve largement sa place en entreprise comme outil de management et de conduite du changement.
... et auprès des moins grands : en tant que coach, le modèle de la Spirale Dynamique est un outil précieux qui complète la boîte à outils de l'accompagnant respectueux du système de valeur et de la personnalité de celui qu'il accompagne.
Plus généralement, avec ce modèle :
Spirale dynamique - une structure holarchique et évolutive des représentations du monde
Lors de son développement, un individu ou une organisation intègre de nouvelles représentations du monde toujours plus complexes dans une spirale dynamique évolutive et sans limite. Ces représentations du monde, qui émergeraient lorsque l'évolution des conditions de vie le rendraient nécessaire, seraient des "niveaux d'existence" structurant la façon de penser de la personne ou du groupe. Aujourd'hui, huit niveaux d'existence coexisteraient dans notre société en cours de complexification rapide, et tous engloberaient et transcenderaient dans une structure holarchique les niveaux d'existence précédents. Pas de hiérarchie, donc, dans les niveaux d'existence, puisque tous permettraient à l'homme et à l'organisation de penser le monde, mais une adaptation différente aux conditions de vie, qui pourrait engendrer des tensions internes et externes lorsque le niveau d'existence ne serait plus en phase avec le contexte.
Ainsi :
Des clés d'analyse en plus...
... pour analyser le désengagement politique de la génération Y
Et ce n'est pas fini... on nous annonce du Corail, et d'autres niveaux encore plus complexes auxquels les générations qui nous suivent vont être confrontées rapidement. Le monde évolue plus vite, et les jeunes générations se positionnent à un niveau plus haut que ceux mis en avant par les politiques et brigués par les aînés. En cela, la génération Y se heurte à un contexte économique et politique où le modèle encore dominant est bleu ou orange, alors même qu'ils s'épanouissent dans le vert.
Pourtant, l'émergence des pratiques de co-développement et les expériences d'entreprises libérées ou de coopératives telles que "La Louve", marquent une évolution dans laquelle s'inscrivent les trentenaires engagés dans le collectif, mais qui votent blanc et sont résolument verts. Incarnation des Carpes Pseudo Éclairées décrites par Dudley Lynch et Paul L. Kordis, ils privilégient la relation à l'objectif, l'ouverture du champ des possibles et la résolution naturelle par l'intelligence collective.
Leur engagement est réel, mais hors champ politique et économique traditionnel, car porté par des valeurs consensuelles ou écologiques qui tranchent avec les débats officiels. Hors champ du pouvoir, ils débattent de tout et souvent ne résolvent rien. C'est un problèmes récurrent des organisations vertes, souvent trop consensuelles pour oser trancher dans le vif et oser mettre en place de véritables stratégies innovantes qui fassent véritablement bouger les lignes. L'engagement est collectif et s'exprime dans la préservation de la relation et dans le lâcher-prise.
...et la persistance de valeurs dominantes de moins appropriées au contexte
Dans nos contrées, trois logiques incompatibles s'affrontent : le bleu (étatique, normatif, hiérarchique et nationaliste, très français aussi dans notre approche de l'économie, de l'éducation et de la politique), l'orange (libéral, démocratique, individualiste et entrepreneurial - très anglo-saxon) et le vert (socio-démocrate et écologiste - plus proche des modèles des pays du nord), sans parvenir à intégrer les points de vue.
Pour chaque débat sociétal, les points de vue se crispent, les positions se durcissent, et les seniors finissent par voter l'avenir des jeunes en accord avec leurs convictions personnelles. Le pouvoir aux aînés, n'est-ce pas une valeur violette ?
Côté rouge, il y a naturellement les gangs. Notons aussi les djihadistes, qui détournent une religion (bleue) pour satisfaire leur soif personnelle de violence et de pouvoir. Ils ne sont pas les seuls. On compterait aujourd'hui 20% de la population mondiale pour le rouge, contre 10% pour le violet, 40% pour le bleu, 15% pour le vert et 1% pour le jaune. Le beige serait dans l'épaisseur du trait, mais évidemment présent en chacun de nous.
Alors que faudrait-il pour avancer en synergie et valoriser cette belle diversité ?
Passer à une vision jaune intégrative et intégrale
Pour concilier les points de vue, et intégrer les forces de chacun des niveaux dans leur complexité, ce serait aux jaunes d'agir.
Certains X sont jaunes, et les Y jaunes sont un peu plus nombreux. Mais on sait que l'essentiel des troupes proviendra de la génération Z. Ils seront peut-être capables d'incarner ce rôle : ouverts, multi-tâches et adaptables, souhaitons qu'ils réussissent l'intégration, exactement là où leurs parents, formateurs et manageurs - fussent-ils "jaunes" - échouent encore. Ils sauraient alors offrir à tous une vision commune qui mobiliserait en chacun de nous les niveaux que nous avons expérimentés, car ceux-ci, loin de s'éliminer, s'intègrent et se transcendent.
L'objectif de toute vision commune galvanisante serait de faire coopérer tous les niveaux qui coexistent en chacun de nous, et de conférer ainsi à tous un rôle actif de citoyen du monde. Dans cette optique, ces visionnaires intègreraient :
Ce serait en privilégiant uniquement l'orange et le bleu, et en négligeant totalement les niveaux d'existence précédents et futurs, que l'échec de l'Europe pourrait aussi se lire. Pour construire une vision commune, il faudra que ces visionnaires posent des défis rouges à la part de rouge qui est en nous, des cadres bleus à notre part bleue, des incitations orange à notre part orange et des arguments verts à notre part verte. Il faudrait aussi proposer des mythes fédérateurs et des célébrations violets, ainsi que la reconnaissance des besoins vitaux de chacun.
... avec les SOFT SKILLS
Au quotidien, il leur faudrait penser "synergie", "systémique", "coopération en équipe", "stratégie du dauphin", "flexibilité", "agilité", "créativité", "intelligence relationnelle", "empathie", "concentration", "innovation", "confiance", "analyse" et "optimisme". En deux mots : "SOFT SKILLS", ces compétences douces qu'on commence à leur enseigner dans les grandes écoles en sus des humanités et des compétences techniques indispensables qui feront d'eux les hommes et les femmes de demain.
Savoir être et non plus seulement savoir et savoir faire, tel serait le secret de ceux qui pourront mettre en oeuvre des solutions innovantes et intégratives.
La Spirale Dynamique : en savoir plus.
Pour en savoir plus, je vous invite à lire le livre La Spirale Dynamique - Comprendre comment les hommes s'organisent et pourquoi ils changent de Patricia et Fabien Chabreuil
À bientôt,
Cécile Dupire
Coach Professionnelle Certifiée, Accréditée ACC par l'ICF
Praticienne MBTI
cecile.dupire@ubiquites.fr